vendredi 18 mars 2011

Dans la bibliothèque privée d'Hitler de Timothy W. Ryback

Adolf Hitler aimait les livres. L’homme des autodafés possédait environ 16300 volumes, « uneTimothy W. Rybackcollection impressionnante de premières éditions d’œuvres de philosophes, d’historiens, de poètes, de dramaturges et de romanciers. ». Il lisait, affirmait-il, parfois plus d’un livre par nuit. Il gardait toujours à porté de main un exemplaire de Shakespeare, avec un préférence pour Jules César et Hamlet dont il aimait citer le passage suivant : « Pour moi, c’est Hécube ». « Versé dans les écritures saintes », il possédait de nombreux textes religieux, mais également des ouvrages d’occultisme.

L’ouvrage de Timothy W. Ryback nous plonge dans le « siècle de fer » en nous ouvrant la bibliothèque du dictateur allemand. Le livre s’ouvre sur les “Lectures du front“, en 1915. Hitler lecteur y devient homme de guerre. « Le jeune engagé volontaire était devenu un vieux soldat. Et cette mutation avait métamorphosé l’armée toute entière », écrit-il en 1915-1916 dans Mein Kampf. Dans le deuxième chapitre, un exemplaire écorné de Peer Gynt, portant une inscrirption de Dietrich Eckart, nous permet de découvrir la relation forte qui unit les deux hommes. Eckart, homme de théâtre au fanatisme radical et à l’antisémitisme viscéral fut le mentor d’Hitler dans bien des domaines. Il fut son « père intellectuel » et sous sa tutelle, son antisémitisme prendra « son épaisseur et sa vivacité ». Il prédit de son poulain « Cet homme est l’avenir de l’Allemagne. Un jour, le monde entier parlera de lui. ». Le troisième chapitre développe les circonstances de l’écriture de Mein Kampf suite au putsch manqué de Munich. Hitler, incarcéré à Landsberg dans des conditions tout à fait confortables, peut rédiger sans difficulté son livre. Ce qui devait être au départ une simple « mise au point », un « règlement de compte », titré « Une bataille de quatre ans et demi contre la stupidité, la lâcheté et le mensonge » va devenir Mein Kampf, l’idée de ce  titre court et combatif revenant à Max Amann. Le livre sort en juillet 1925, il a peu de succès. Le 3 octobre 1929, la bourse américaine s’effondre. L’économie allemande est au plus mal… et Hitler va bientôt arriver au pouvoir. Les années 30 voient ses penchants bibliophiles s’affirmer. On trouve à ce moment là dans sa bibliothèque de nombreux récits d’anciens combattants de la Grande Guerre. Les six autres chapitres se déroulent dans l'ordre chronologique, et l'ouvrage s'achève sur la mort du dictateur.

Mon avis :
J’ai trouvé cet ouvrage passionnant. Non seulement il invite à réfléchir sur les fonctions de la « lecture » (il semblerait qu'elle ne serve pas chacun de la même manière…) mais surtout, il nous permet de mieux cerner les fondements idéologiques du IIIe Reich. Car, au travers de l’exploration de la bibliothèque privée d’Hitler, c’est tout un univers intellectuel d’extrême-droite qui surgit au travers d’ouvrages tels que celui de Hans F. K. Günther (affublé du sobriquet « racial Gunther »), conseillé aux membres du parti nazi : « Typologie raciale du peuple allemand »….  De plus, le livre est bien écrit, et tout en étant bien documenté il s’avère tout à fait accessible, y compris pour des non spécialistes de la période traitée.
Autodafé - Mai 1933
Autodafé, mai 1933. 


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